15 – Les forêts et leurs lisières en Basse-Auvergne


25 € TTC

Par F. BILLY, 330 pages, 1997

C’est l’arbre qui fait la forêt… Adage difficilement réfutable qui trouve son écho dans la langue depuis des siècles. Aujourd’hui, l’on parle couramment de chênaies ou de pinières (ou plutôt de pinèdes, merci au Club Méditerranée !). Les Romains connaissaient, eux, des Fageta, des Pineta, inscrits dans la toponymie et l’anthroponymie auvergnates avec les Fayet, les Pinet, les Teilhet; nos pères ont même sans vergogne affublé de ce suffixe – etum – si commode des radicaux prélatins, ce qui nous a valu les Vernet et les Veysset. On ne saurait donc s’étonner de voir prospérer dans le vocabulaire phytosociologique les Quercetum, les Fagetalia ou les Abietetea. Mais ce qui est le plus curieux, et singulièrement surprenant pour les catéchumènes, c’est de trouver dans la littérature des Carpinetum sans Charme ou des Quercetum qui sont en fait des hêtraies. En droit commercial, de telles dénominations seraient qualifiées de “marques déceptives”, ce qui, dans la géhenne de la réprobation morale et juridique, n’est pas tellement éloigné de la contrefaçon. Pourtant. il semble qu’au temps des Pères Fondateurs, les Fagetum étaient bien des hêtraies, mais il n’a pas fallu un demi-siècle pour constater que dans nos pays, les essences forestières, objet d’une exploitation économique plus que millénaire, étaient réparties, à l’étage collinéen, en fonction de l’histoire humaine plutôt que de l’écologie. Désormais, si l’on voit en un lieu donné une hêtraie, on vous dit qu’il s’agit là d’un “sylvo-facies”, néologisme aussi savant que poétique, mais que, pour autant, le bois considéré reste un Carpinetum. L’abstraction et la convention sont de belles choses mais on peut se demander si ce n’est pas là pousser un peu loin la pesanteur de la nomenclature. Des esprits curieux et novateurs ont, en vue d’une analyse plus rationnelle des milieux forestiers, eu l’idée de commencer par l’étude de sous-ensembles, des “synusies” herbacées, arbustives et arborées, sans parler des muscinées et des lichens. Cette méthode a permis de dégager l’existence de groupes floristiques répondant à des exigences déterminées et dont la sciaphilie propre au sous-bois n’était qu’une composante entre d’autres, et de classer les individus concrets d’association en fonction du dosage de ces groupes. Il ne siérait guère à un amateur autodidacte comme moi de prendre parti dans de telles controverses. Je pourrais tout au plus, bien après Montaigne, butiner ici ou là pour tenter de donner une image aussi claire que possible de ce que j’ai pu observer dans ma Basse-Auvergne natale depuis qu’en 1949, émoustillé par la lecture de la Géographie Botanique de J. CARLES, j’ai effectué mes premiers relevés phytosociologiques. On excusera peut-être mon audace si l’on veut bien se rappeler que la littérature sur les bois, ourlets et manteaux auvergnats est encore bien réduite. Encore, pour les forêts, nous disposons déjà d’une documentation d’une certaine importance, spécialement sur les Monts-Dore (LUQUET, CUSSET), les Dômes (LEMÉE et CARBIENER) quelques bois de plaine (LEMÉE, SALANON, THÉBAUD) mais ces travaux sont déjà anciens et seule, la thèse de THÉBAUD sur le Forez présente une image moderne de la phytosociologie forestière. Pour les ourlets, on ne dispose que de miettes à glaner dans LACHAPELLE et d’un mémoire de BIGNON, restreints à quelques secteurs du massif Montdorien. Sur les manteaux, je ne vois qu’un chapitre dans la thèse de FRAIN et un autre dans celle de COQUILLARD. Fort de quelque deux mille relevés de ces trois formations végétales pris à peu près dans tous les cantons de la Basse-Auvergne, je n’ai pu me résigner au silence modeste qui évite les critiques et les erreurs et me suis cru autorisé à publier une analyse d’ensemble, en essayant de rapprocher les résultats obtenus des données fournies par la littérature pour les autres provinces atlantiques. Doté malheureusement d’une documentation fragmentaire et incomplète, je m’expose au ridicule de présenter comme des découvertes des données bien connues des spécialistes. Que la fortune vienne en aide à mon audace !

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13 – Inventaire des plantes vasculaires présente dans l’île de Ré


10 € TTC

Par A. TERRISSE, 112 pages, 1994

Ceci n’est pas une flore mais, comme l’indique le titre, l’inventaire des plantes vasculaires spontanées ou subspontanées que j’ai rencontrées au cours de mes promenades botaniques sur l’île de Ré, ces dernières années. Je n’ai pas jugé nécessaire de refaire à mon compte les descriptions que l’on peut trouver dans les flores classiques. Je me suis contenté de mettre l’accent, parfois, sur tel détail, morphologique ou écologique, qui me permet de distinguer la plante des espèces voisines. Il s’agit là, évidemment, de notations subjectives, mais qui, je l’espère, trouveront un écho dans l’expérience de mes confrères. C’est en effet une sorte de tradition qu’un botaniste qui a consacré des années à explorer une région, et pense commencer à la connaître assez bien, en fasse l’honneur, en quelque sorte, à ses confrères en visite. Ce fut le cas, lors de nos sessions de la S.B.C.O., – pour ne citer que des personnalités disparues – de Paul MARTIN pour la Provence et de Marcelle CONRAD pour la Corse; j’ai moi-même eu la chance, au moment où je faisais mes premiers pas en botanique, de bénéficier de l’expérience et des conseils ils d’É. CONTRÉ, qui a considérablement contribué à me faire connaître la flore du Centre-Ouest. La botanique de terrain est une pratique qui repose sur la tradition et exige de la lenteur et une longue patience. Mon ambition est que ce travail sur l’île de Ré représente ma contribution à cette mise en commun des connaissances botaniques.

Peut-être aussi les botanistes qui herboriseront sur Ré dans quelques dizaines d’années – espérons qu’il y en aura encore 1-, s’ils ont l’occasion de parcourir ces notes, y trouveront-ils le même intérêt que moi-même lorsque je relis les indications de Philéas ROUSSEAU datant du siècle dernier: pour approximatives qu’elles soient, elles n’en constituent pas moins un document relativement fiable pour étudier l’évolution de la végétation sur Ré au cours du siècle qui s’achève. Je souhaite que ce travail-ci puisse servir lui aussi, plus tard, de repère.
Si l’on excepte les habitations et leur environnement immédiat, on peut herboriser à peu près partout sur l’île de Ré. Il Y a cependant deux exceptions: les domaines clos, et en particulier les installations ostréicoles, qui interdisent parfois l’accès à d’assez grandes surfaces de marais ; les dunes protégées par des barbelés contre les intrusions piétonnes ou motorisées; dans ce deuxième cas, il n’est pas rare que des brèches aient été ouvertes dans la clôture; je me suis alors permis quelques incursions dans la zone en principe protégée, quand je pouvais le faire sans ajouter aux dégâts occasionnés par les piétinements antérieurs; il est possible néanmoins que la population de certaines espèces, qu’on rencontre exclusivement dans la dune fixée (comme Pancratium maritimum), aient été sous-estimées. Dans les zones agricoles, je n’ai pratiquement jamais rencontré de clôture en fil de fer barbelé: le bétail est rare sur l’île! Cependant les clôtures électriques ont fait récemment leur apparition; elles concernent essentiellement les champs où sont enfermés les chevaux destinés à l’équitation. Les terrains cultivés sont accessibles et il y a de nombreuses friches, en particulier dans la partie est, où le statut des terres n’est pas encore définitivement fixé, la procédure de remembrement ayant été interrompue en raison du litige qui oppose l’administration et les propriétaires de terrains privés à usage de camping estival; c’est aussi probablement ce qui explique la fragilité des clôtures, quand elles existent: les propriétaires hésitent à investir dans la construction de murettes ou la plantation de haies, tant qu’ils ne sont pas sûrs de pouvoir conserver leur terrain. Cette ouverture quasi générale des terres (peut-être provisoire) peut faire espérer qu’il y ait peu de taxons omis dans la liste qui suit. Etablir l’inventaire de la végétation présente sur un territoire aussi bien défini qu’une île est satisfaisant pour l’esprit: alors que les limites d’une division administrative sont souvent arbitraires, ici elles sont naturelles. Et la végétation de l’île dans son ensemble présente un caractère relativement homogène, si bien que, après avoir parcouru pendant quelques années cet espace plutôt restreint, on s’habitue à reconnaître une bonne partie des espèces à l’état végétatif. Situé dans le temps de façon précise (le début des années 90), cet inventaire constitue donc une sorte de cliché instantané de la végétation rhétaise. Il s’agit d’établir un “état des lieux” juste après l’ouverture du pont (mai 1988) qui rattache l’île au continent. Mais cet inventaire, strictement délimité dans le temps, ne peut offrir qu’un aspect figé d’un milieu en pleine évolution: ce ne sont que quelques mots inscrits dans le sable humide: ils seront bientôt recouverts par d’autres grains de sable apportés par le vent, ou recouverts par la vague. La végétation, qui trouve en peu de lieux un état d’équilibre durable, ne peut espérer l’atteindre ici: elle ne cesse d’élaborer des stratégies face aux attaques humaines qu’elle subit; elle ne cesse de panser ses plaies, se réinstallant sous une autre forme quand elle semblait avoir été éliminée. Publier un travail de ce genre, c’est donc introduire du discontinu dans du continu: c’est interrompre artificiellement le cours d’un processus évolutif double: l’acquisition des connaissances tend à se ralentir, et pour cette raison même provoque la décision de mettre un terme à la recherche en publiant; les modifications subies par le couvert végétal de l’île au contraire s’accélèrent, et, comme on peut le deviner, il s’agit presque toujours d’un appauvrissement: la friche sur laquelle j’ai découvert, au printemps 1991, une belle population d’Avellinia michelii, au mois d’octobre suivant, avait été clôturée; une pancarte indiquait “A vendre”, avec l’adresse d’une agence immobilière ; on pouvait prévoir, dès lors, que la frêle graminée ne subsisterait pas longtemps! Heureusement, elle s’est maintenue en plusieurs points du voisinage; il n’en va pas de même de la petite station d’Asphodelus flstulosus découverte aux Portes par J. TERRISSE le 29 mai 1991 ; dès l’année suivante, elle disparaissait sous les matériaux destinés à la construction d’une maison. Lasalle de spectacles intercommunale édifiée sur l’emplacement du terrain de sports de la Couardea recouvertla station de Crassula tillaea la plus abondante de l’île. On pourrait multiplier les exemples : il y a évidemment un décalage énorme entre les préoccupations du botaniste, toujours soucieux de préserver les espèces rares ou spectaculaires, et les intérêts des promoteurs, et même l’état d’esprit du public en général. En octobre 1991, j’ai vu, aux Ensemberts, l’un des rares pieds de Pancratium maritimum qui avait été arraché récemment puis laissé sur place; la partie souterraine de la tige était fendue en biais. Sans doute l’auteur du délit n’avait pu atteindre le bulbe, enfoncé profondément dans le sable… ou encore peut-être avait-il cru d’abord qu’il s’agissait, malgré la saison, d’un “poireau des vignes” !

 

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12 – Pelouses et ourlets du Berry


15 € TTC

Par R. BRAQUE et J.-E. LOISEAU, 193 pages, 1994

À l’époque où les synthèses phytosociologiques embrassant le continent européen dans son ensemble connaissent la faveur, une monographie consacrée aux groupements de pelouses, fermées ou écorchées, et aux lisières dans la seule Champagne berrichonne risque de paraître désuète. Nous l’avons cependant réalisée, non seulement pour combler une lacune dans la connaissance du Bassin Parisien, mais aussi par conviction de mieux cerner, sur un territoire d’étendue limitée, des problèmes souvent esquivés plutôt qu’ignorés. Ainsi, les conditions naturelles dans lesquelles se développe la végétation sont le plus souvent évoquées en termes de référence aux valeurs classiques de la climatologie séparative, tout à fait inadéquates pour éclairer les faits de distribution à échelle fine, aussi bien à l’égard des espèces qU’à celui des types de groupements végétaux. De même, le rôle des contraintes humaines dans sa perspective historique, est maintes fois ignoré, ou abordé en une formule très générale opposant végétations primaires et végétations secondaires, peu pertinente dans les régions de plaine façonnées dans la pérennité par une civilisation rurale à forte inertie. D’autre part, il nous semble qu’un cadre régional restreint, autant ou mieux qu’un grand espace autorise une réflexion méthodologique sur les termes et les moyens d’étude de la végétation, et se prête ainsi à des conclusions de champ très étendu. Ces remarques liminaires Justifient l’organisation de notre mémoire:

l – Sous le titre “Persistance et régression des friches en Berry”sont analysées les conditions naturelles et humaines responsables de l’étendue et des structures des incultes, pelouses et ourlets.

2 – Dans une seconde partie, sont exposées et justifiées les règles que nous avons suivies dans l’étude de la végétation.

3 – L’essentiel du volume est réservé à la définition des types de végétation accompagnée des réflexions de portée générale qui découlent de cette description.

 

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11 – Phytosociologie et écologie des forêts de Haute-Normandie


26 € TTC

Par J. BARDAT, 376 pages, 1993

Le but de ce travail a été essentiellement orienté vers la caractérisation sociologique des forêts de Haute-Normandie. Une première approche, localisée sur le massif forestier de Brotonne (Seine-Maritime) – (BARDAT et FRILEUX. 1980) -, malgré ses imperfections m’a permis de tenter de mieux comprendre l’espace forestier à la fois dans le cadre d’une démarche conceptuelle phytosociologique et aussi dans celui de la causalité anthropique des groupements sylvatiques de cette région de plaine. L’axe de mes recherches ne vise pas à révolutionnerla théorie phytosociologique ni sa rhétorique. Toutefois, dans la vague naissante des nouvelles orientations de la recherche phytosociologique. j’aurais tendance à situer mon approche sous l’angle de la coenologie plutôt que celui des synusies, considérant que les relations entre les diverses catégories structurales (les strates végétales) existent, pourvues d’énergie de liaison plus ou moins forte. Mon approche, bien que conventionnelle et teintée d’orthodoxie, fait apparaître une démarche où j’ai tenté de prendre en compte l’aspect synusial (au sens de GAMS) des phytocoenoses forestières, notamment dans l’intégration et l’interprétation des groupements bryophytiques sapro-lignicoles et humo-épilithiques. En raison de la simplicité relative des forêts de Haute Normandie, c’est-à-dire leur faible hétérogénéité biotique stationnelle, il a paru nécessaire de prendre en compte un certain nombre d’éléments floristiques et sociologiques considérés encore trop souvent comme secondaires (communautés bryophytiques par exemple). Ce but fixé. l’analyse a été réalisée selon le système classique phytosociologique, évitant ainsi la lourdeur d’une approche exhaustive dans le domaine synusial, qui aurait interdit toute investigation sur l’ensemble de la région. Cette façon de voir et de présenter mes résultats peut constituer un biais pratique aux divergences d’appréhension de la végétation d’une formation complexe telle que peut l’être l’espace forestier. La Haute Normandie ne constitue pas une entité biogéographique homogène, et c’est sans doute en partie à cause de cela que peu de travaux ont été produits sur les forêts de cette région. La finesse des variations écologiques n’est pas par essence même favorable au déterminisme de groupements végétaux bien distincts. Cette région, au carrefour de diverses influences bio-climatiques, m’a paru être un champ expérimental intéressant pour tester certaines discontinuités plus ou moins déjà mises en évidence par les botanistes locaux comme FRILEUX de BLANGERMONT ou LIGER. Ce travail essaie de combler une lacune dans la connaissance des forêts de l’Ouest français et tente de montrer leur originalité sociologique et floristique. Les relations synchorologiques seront abordées avec les forêts de l’Ouest européen, donnant l’occasion d’exprimer un point de vue sur la synsystématique des forêts de la France planitiaire et collinéenne. On pourra regretter l’exiguïté territoriale relative de l’étude, qui freine implicitement les essais de généralisation et de caractérisation de nouvelles associations qui seraient rendus plus valides à une échelle nettement plus vaste. Toutefois des impératifs de temps. de disponibilité mais aussi d’objectivité m’ont conduit à me cantonner à la Haute-Normandie. avec quelques incursions dans les territoires voisins. Mais le degré de résolution est tel qu’il permet de comprendre les mécanismes de passage d’une communauté à une autre, ce qu’il n’aurait pas été possible de mettre en évidence si cette recherche avait été menée sur une aire beaucoup plus importante Ge quart nord-ouest de la France par exemple). D’autre part plusieurs régions voisines ont fait déjà l’objet d’études plus ou moins approfondies, permettant dans une certaine mesure d’assurer la continuité dans l’interprétation chorologique et phytosociologique des groupements forestiers de l’Ouest français. Enfin, les résultats obtenus ont été élaborés sur la base de 1 500 relevés d’individus d’associations forestières et plus de 900 relevés de groupements bryophytiques conditionnés, représentant un échantillonnage suffisant pour une analyse et une synthèse des forêts de Haute-Normandie.

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