Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon 87 (5-6)

n°87 (5-6) de 2018
éditée par
la Société Linnéenne de Lyon
33 rue Bossuet
69006 LYON
Contact : societe.linneenne.biblio.lyon@orange.fr
Site : http://www.linneenne-lyon.org/

SOMMAIRE :
ROME M. et COPPENS d’EEKENBRUGGE G.
Taxonomie et évolution dans le genre Passiflora : synthèse des connaissances actuelles……………………………133-148.
Résumé. – Originaire d’Amérique tropicale, d’Asie du sud-est et d’Océanie, Passiflora L. est le genre le plus important de la famille des Passifloraceae avec 576 espèces. Principalement distribuées sous les néotropiques, des régions côtières à près de 4 300 m d’altitude, elles se sont adaptées à des environnements très variés et ont noué des interactions fortes et nombreuses avec des animaux (herbivorie, mutualismes de pollinisation et protection), donnant lieu à une formidable diversité d’espèces par une évolution et une phylogéographie particulièrement complexes. Dès les premières explorations botaniques du Nouveau Monde et avec la description d’un nombre rapidement croissant d’espèces, les études taxonomiques se sont heurtées à la difficulté d’interpréter la diversité morphologique en termes d’évolution, de nombreux caractères montrant une forte labilité et/ou dispersion à travers le genre. La dernière classification a réduit le nombre de sous-genres de 22 à quatre (Decaloba, Passiflora, Astropheaet Deidamioides). Les trois premiers, correspondant à trois niveaux de ploïdie dominants (2n = 12, 18, ou 24 chromosomes), ont été validés par la phylogénétique moléculaire. En revanche, Deidamioides est divisé en deux clades au moins. Enfin, les espèces dioïques au sein du genre constituent un cinquième sous-genre, Tetrapathea. Aux niveaux infrasubgénériques, les difficultés dans le classement des espèces et la compréhension de leur évolution restent nombreuses, notamment en relation avec des évolutions indépendantes pour un même trait, des évolutions réticulées, une hérédité paternelle ou biparentale du génome chloroplastique ainsi qu’une variabilité intraspécifique voire intra-individuelle pour certaines séquences génétiques.

TISON J.M. Rédacteur
Relevés : B. Berthet-Grelier, P. Brachet, L. Garraud, G. Macqueron, M.-T. Mein, L. Roubaudi, S. Serve, J.-M. Tison et J. Van Es
Compte-rendu de la session botanique de la Société Linnéenne de Lyon en Corse-du-Sud (du 19 avril au 2 mai 2017)……………………………………………………..149-175.
La plupart des sorties concernent les communes de Porto-Vecchio (Portivecchju en corse) et de Bonifacio (Bunifaziu) et leurs environs immédiats, au sud-est et jusqu’à l’extrémité sud de l’île. Des excursions plus lointaines ont été faites en montagne sur un circuit passant par le col de Bavella (Bocca di Bavedda), et, pour l’un des groupes, sur la côte ouest à Ajaccio (Aiacciu) et Propriano (Pruprià).Les sites visités sont pour les uns sur granite, pour les autres sur calcaire. Sur l’ensemble du littoral et le plateau bonifacien, nous avons observé les groupements de l’étage thermoméditerranéen ; plus à l’intérieur des terres, jusqu’à 700-800 m d’altitude, nous étions dans le mésoméditerranéen ; lors de notre excursion au col de Bavella (1218 m), nous avons traversé l’étage supraméditerranéen et atteint la base du montagnard.Selon gaMisans & MarzoCChi (2003), la Corse comprend 296 taxons « endémiques », soit environ 12% de sa flore. Ce terme n’a de sens que si on précise la zone d’endémisme. En fait, les corses et cyrno-sardes ne représentent que 8 à 9% de la flore, ce qui est déjà beaucoup, auxquels on peut ajouter 1% pour celles présentes sur d’autres îles ouest-méditerranéennes (archipel hyérois, archipel toscan, Baléares) ou très exceptionnellement dans des îles croates (Teucrium marum) ou en Crète (Lepidium oxyotum). La Corse et la Sardaigne sont étroitement liées sur le plan floristique. Elles ont cependant leurs particularités propres, la première étant marquée par son caractère très montagnard et donc par le grand nombre d’orophytes endémiques, la seconde, plus grande mais beaucoup moins accidentée, par les refuges isolés favorisant l’endémisme local aux étages thermo- à supraméditerranéen.Dans le compte-rendu qui suit, les espèces les plus fréquentes à l’échelle de la session (cinq observations ou plus) ne sont citées qu’une seule fois afin de limiter la longueur des listes ; leurs noms sont précédés d’un astérisque *. Il est certain que d’autres plantes tout aussi banales ont été sous-observées en raison de leur cycle trop avancé ou pas assez lors de la session. Les noms en caractères gras correspondent aux espèces considérées comme absentes de France continentale à l’état spontané. Enfin, ceux en caractères gras soulignés correspondent aux espèces ayant un degré notable d’endémisme (précisé entre parenthèses). Afin de faciliter la compréhension des biotopes naturels, les espèces notoirement exotiques ne sont pas incluses dans les relevés mais citées dans la présentation des sites ; il en va de même pour les quelques bryophytes citées.Certaines localités n’ont pu être inspectées efficacement que grâce aux pointages fournis par le Conservatoire Botanique National de Corse (CBNC) que nous remercions vivement. Un émissaire de cette institution, Alain Delage, nous accompagnera d’ailleurs le 3 mai sur le site de la Punta Calcina.

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